Entrevista con Dario Azzellini
Désormais la guerre ne sert plus pour imposer un autre modèle économique : c’est le modèle
Interview avec Dario Azzellini, chercheur italien sur les «nouvelles guerres». L’idée du conflit permanent crée les conditions pour la naissance d’un modèle économique qui serait impossible à imposer en temps de paix. En même temps, l’intervention de Compagnies Militaires Privées (CMP) est de plus en plus importante dans le monde entier, de l’Iraq jusqu’à la Colombie.
Qu’est-ce que signifie la dénomination «nouvelles guerres» que vous utilisez dans le livre «Le business de la guerre»?
Dans le débat académique et – en partie – politique, on utilise le terme «nouvelles guerres» pour décrire le fait qu’il y a moins de guerres entre pays, mais de plus en plus à l’intérieur de pays ou, au moins, entre une armée régulière et une armée irrégulière. Mais le terme pourrait s’éteindre parce que, avec les changements des stratégies de conduite, nous voyons que même les pays avec des armées régulières externalisent la violence à des entreprises privées ou à des structures paramilitaires, qui ne sont pas les acteurs traditionnels des guerres «communes.»
Les guerres entre les États sont terminées?
Il n’est pas question qu’elles soient finies. Au contraire, pendant la dernière décennie il y a eu une augmentation des guerres entre pays, mais les conflits se présentent autrement. Les attaques à l’Afghanistan ou à l’Iraq sont des guerres entre pays, mais le pourcentage des guerres irrégulières par rapport aux guerres régulières est en train de s’accroitre.
Est-ce que cela obéit à la logique néolibérale?
Nous disons que cela obéit à certaines logiques du néolibéralisme dans le sens que les guerres servent pour augmenter les gains. Le sens de la guerre a changé. Traditionnellement, elles servent pour changer les élites et pour le contrôle des économies, ou pour introduire un autre modèle de domination économique ou politique. Maintenant, les guerres sont souvent permanentes. On ne fait pas la guerre pour implémenter un autre modèle économique, mais la guerre même est un mécanisme de gains.
Par exemple?
Par exemple en Colombie. Beaucoup de gains dans ce pays se produisent parce que – pratiquement – c’est un pays en guerre. Pendant les derniers 20 ans, le passage de la petite et médiane agriculture à l’agro-industrie s’est réalisé à travers la guerre. Autrement, il n’aurait pas été possible d’exproprier des millions de paysans de leurs terres et de faire une réforme agraire, lorsqu’au contraire les propriétaires fonciers et les paramilitaires se sont appropriés de 6 millions d’hectares de terre.
Est-ce que c’est une des logiques distinctives des «nouvelles guerres »?
La continuation de la guerre permet de réaliser ce modèle d’agro-industrie dans différentes zones. Seulement à travers la guerre, les paysans et les communautés indigènes ou afro-descendantes, qui en Colombie ont un droit constitutionnel à leurs territoires ancestraux, peuvent être déplacés. Le salaire réel des ouvriers en Colombie est descendu parce qu’à travers la guerre ou le paramilitarisme les syndicalistes sont tués ou l’on exerce des pressions sur eux lors des conflits du travail.
Dans ce scénario, quel est le rôle de l’État?
Dans tout le discours libéral, on dit que l’État demeure, tout en perdant le contrôle de ces acteurs armés. Fondamentalement, c’est le cas de la Colombie. Je crois que les États ne perdent pas le contrôle, et s’ils le perdent, ce n’est que marginalement. Tout simplement, ils sont en train d’externaliser les fonctions répressives ou de guerre en créant plus de confusion. Les groupes paramilitaires colombiens ont été créés à cause des difficultés de l’État d’obtenir des financements internationaux dans les années ‘80, pour la responsabilité de l’armée ou de la police dans les délits contre les droits de l’Homme. Le spectacle de la supposée démobilisation des paramilitaires a successivement été monté, mais déjà à la fin des années ‘90 était de connaissance publique que le paramilitarisme était coordonné, fomenté et contrôlé par l’armée et les autorités colombiennes. En 2000, Human Right Watch a publié une analyse de la Colombie dont le titre était «Paramilitarisme: la sixième division de l’armée colombienne.» L’armée colombienne avait cinq divisions. Dans cette relation c’est clair que le paramilitarisme fait partie de la situation de l’armée colombienne et que le procès de désarmement est une farce. Les supposés paramilitaires démobilisés apparaissent dans d’autres zones de la Colombie où l’on a encore besoin du paramilitarisme comme stratégie ou comme supposés groupes réarmés.
Comment et quand naissent les Compagnies militaires privées (CMP)?
Les premières CMP naissent juste après la 2e Guerre mondiale, parce que l’armée des États-Unis avait une grande capacité de transport que l’on ne pouvait plus maintenir et elle a commencé à privatiser une partie du transport. Mais le vrai boum de ces entreprises est commencé à la fin des années ‘80 et il s’est renforcé en forme massive pendant les années ‘90. Pendant la première guerre des États-Unis contre l’Iraq, le rapport entre employés des CMP et soldats était de 1 à 100. En Afghanistan, le rapport est de 1 à 50/40. Maintenant, en Iraq il y a 180.000 employés de CMP selon les données de la même armée nord-américaine. Ils sont plus nombreux que les soldats de l’armée.
Quelle activité développent ces compagnies?
Toutes celles que l’on peut imaginer. Le maniement d’armes sophistiquées (comme avions sans pilote, radars ou missiles de navires américains) dans la première grosse vague d’attaques à l’Iraq a été réalisé par des spécialistes d’entreprises privées. En outre, ils distribuent le courrier, cuisinent, lavent les vêtements des soldats, montent les camps militaires et les prisons. Dans le cas de la prison d’Abu Ghraib, il y a eu enquêtes et procès contre moins de 10 soldats des États-Unis, lorsqu’ils en auraient dû être impliqués beaucoup plus. La vérité est que la prison était gérée dans toutes ses fonctions par deux entreprises privées: CACI et Titan.
Quels avantages dérivent de l’externalisation de ce type de tâches aux CMP?
Formellement, ils sont civils alors ils ne peuvent pas être jugés par la justice militaire. En même temps, dans les contrats il leur est assuré qu’ils ne peuvent pas être soumis à la justice civile des pays dans lesquels ils agissent. Pratiquement, on crée une zone d’impunité. Et la seule manière de faire quelque chose contre ces crimes est d’entreprendre des procès aux États-Unis contre ces entreprises. Combien de victimes ont la possibilité de le faire? Presque personne.
On crée un sort de cadre normatif de l’action de ces entreprises?
Oui. On légalise tout le «business» des mercenaires avec ce cadre d’impunité. En outre, on externalise la responsabilité. Miles Frechette, ancien ambassadeur des États-Unis en Colombie, a dit qu’il est très confortable de travailler avec ces entreprises parce que, s’ils meurent, ils ne sont pas soldat des États-Unis, et s’ils font quelque chose de mal, la responsabilité ne retombe sur les États-Unis non plus. Dans le cas de DynCorp qui fait les fumigations de supposées cultures de pavot et coca, en Colombie il y a un jugement international parce qu’ils ont fumigé une partie de l’Équateur. Mais l’entreprise a dit qu’ils ne peuvent rien dire parce que le contrat prévoit de ne pas donner de renseignements. Le contrat vient du Pentagone. Alors si un congressiste leur demande d’en rendre compte, le Pentagone présente le contrat et dit : ils font ces tâches. S’ils font quelque chose de plus, nous ne pouvons pas les contrôler parce qu’il s’agit d’entreprises privées.
En général, ces entreprises sont américaines mises sous contrat par le Pentagone?
La majorité. En réalité, la plus grande partie du financement vient des États-Unis. De la dépense militaire à l’échelle mondiale, les États-Unis en soutiennent la moitié. Il y a aussi des entreprises en Europe, des entreprises russes en Asie. Mais celles des États-Unis travaillent seulement avec le consentement du Pentagone. Il peut se passer qu’elles forment l’armée de la Corée du Sud, mais avec l’accord du Pentagone. Les entreprises russes ou d’autres pays sont mises sous contrat par ceux qui ont l’argent.
Comment cohabite l’armée nord-américaine avec les CMP?
Cela dépend de quels secteurs de l’armée nous parlons. Dans le cas concret, il y a probablement des conflits, car les employés de ces entreprises de sécurité gagnent normalement plus que les soldats. Ils travaillent en situations plus risquées, avec moins de sûreté. Mais le travail ensemble fonctionne très bien parce que les entreprises de sécurité sont fondées et organisées par d’anciens membres de l’armée des États-Unis. Beaucoup d’hommes politiques sont aussi les patrons ou copropriétaires de ces entreprises. Il y a des entreprises comme le MPRI, fondées par des généraux des États-Unis de la première guerre contre l’Iraq, qui ont assisté pour un temps aux réunions du Pentagone. Il y a des rapports personnels très serrés. Eagle Aviation Services and Technology (EAST), qui a prêté service à la CIA pendant les années ‘80, s’occupe du transport de machines dans le cadre du Plan Colombie et du Plan antidrogue de l’Amérique du Sud.
Combien d’argent manient ces entreprises?
C’est une affaire d’environ 150.000 ou 200.000 millions de dollars par an dans le monde. Les petites entreprises ont été achetées par les plus grandes, il y a beaucoup d’argent, plusieurs entreprises sont cotées en bourse. C’est une super affaire dans laquelle participent les entreprises qui travaillent dans d’autres champs. Mais il y a aussi des relations entre des entreprises transnationales de ressources naturelles comme les industries pétrolières et d’extraction minière.
Vous pouvez nous donner un exemple?
Dans la guerre au Congo, avant la victoire de Laurent Cavila, il y avait des transnationales de l’extraction minière qui payaient des mercenaires ou des entreprises militaires privées pour accompagner les différentes factions. Une fois libéré un territoire minier, les ingénieurs étaient déjà sur place et les CMP, avec les industries de l’extraction minière, avaient le contrôle du territoire et faisaient un accord avec la faction gagnante pour exploiter le gisement.
Comment se produit la négociation avec les CMP?
Elles sont négociées pour faire des travaux. Et c’est encore un autre système pour échapper au contrôle. La loi nord-américaine établit que tous les contrats qui dépassent les 50 millions de dollars doivent être approuvés par le Congrès. Normalement, on fractionne les contrats pour qu’ils soient plus petits ainsi le Congrès ne prend même pas connaissance de ces contrats ou de ces missions. C’est la possibilité pour les États-Unis de faire des interventions militaires inaperçues dans d’autres pays, parce que ce ne sont pas ses soldats qui agissent. Nous tous connaissons l’impact public qui cause l’image de soldats morts avec le drapeau yankee qui reviennent aux USA. Cela ne succède pas si c’est un employé d’une entreprise privée qui meurt : cela ne provoque pas d’indignation publique, parce que c’est comme si un employé de l’IBM meurt à Singapour. Cela n’importe à personne. En Iraq on peut supposer qu’ils sont morts, au minimum, 2.000 employés de CMP. Cela aide à maintenir le numéro de morts en guerre à un niveau très bas.
On recrute des employés en Amérique latine?
Le recrutement en Amérique latine a beaucoup grandi au cours des derniers quatre ans. Avant, ils recrutaient beaucoup en Philippines, Népal, Fiji, États-Unis, Angleterre, France. Plus habitués à travailler avec une certaine modalité. Au Népal, les gurkas ont une tradition de mercenaires de 150 ans, et ceux des Fiji ont obtenu beaucoup de formation en missions de l’ONU.
Est-ce qu’il y a une estime de combien d’argent les entreprises transnationales destinent au financement de sécurité avec soutien militaire?
Ils l’ont sûrement incorporé au bilan, mais c’est difficile à estimer. En Argentine, Repsol est en train de travailler avec des entreprises de sécurité privées pour rendre sûrs ses puits de pétrole.
Quel type d’activité réalisent ces compagnies en Argentine?
Ils mènent des activités de sécurité qui probablement comportent guetter les mouvement sociaux qui ont des positions contraires à l’exploitation pétrolière industrielle ou le contrôle du territoire. L’avantage est que l’État ne donne pas gratis nécessairement les agents ou militaires que l’entreprise considère nécessaires pour ce contrôle, par contre pour l’entreprise privée c’est plus important ce que dit le contrat plutôt que ce que dit la loi.
Vous connaissez les entreprises négociées par Repsol en Argentine?
Je ne les connais pas. Mais on a besoin de moins de personnes pour protéger un puits de pétrole en Argentine qu’en Colombie.
Comment apparaissent ces entreprises dans les médias?
Un cas qui est souvent apparu dans la presse est celui de Falluja en 2004, où il y a eu des images fortes de quelques civils supposés – comme l’a expliqué au début la presse – capturés par la population iraquienne, assassinés et dont les corps ont été brûlés et suspendus à un pont. La presse a dit que ces gens escortaient un convoi. Formellement, ils étaient civils, mais ils étaient utilisés par Blackwater, une des entreprises les plus grandes dans le domaine militaire. Ils étaient en train de fournir appui à un convoi de soldats nord-américains, un travail militaire. Le problème est quel type d’information obtient et offre la presse. Tous les renseignements disponibles sur le conflit en Iraq passent par le département de relations de presse de l’armée des États-Unis. Il s’agit de communiqués de presse militaire. Ils rapportent seulement les actions dans lesquelles est impliquée l’armée nord-américaine cependant, comme il y a plus d’employés d’entreprises militaires que soldats, sur beaucoup d’actions nous n’avons aucun renseignement. Des entreprises privées ont repoussé l’attaque des forces rebelles iraquiennes lorsque la ville de Falluja a été conquise par la résistance. Les forces de l’entreprise Blackwater s’étaient infiltrées pour faire des attentats et mettre des bombes.
Les employés des CMP sont les «contractors» par exemple que la chaîne mentionne?
Oui, ce sont les employés de ces entreprises. L’armée négocie les entreprises et les entreprises négocient ces gens. Mais non seulement l’armée. En Iraq, toutes les ambassades et les entreprises négocient les CMP pour protection et sécurité. En Colombie, la colombienne Ecopetrol qui exploite les puits de pétrole près de l’OXI des États-Unis négocie la CMP AirScan de la Floride pour faire des survols et obtenir des renseignements sur les rebelles qui sont près des puits et de l’oléoduc qui de Caño Limón va au port où l’on exporte le pétrole aux États-Unis. En 1998, le village de Saint Domingo a été bombardé par des hélicoptères de l’armée colombienne qui ont fait presque 20 morts. Une enquête a été faite, les pilotes de l’armée colombienne ont été renvoyés et ils ont admis avoir bombardé, mais seulement pour exécuter les ordres. AirScan avait passé des renseignements à l’armée selon lesquels il y avait une colonne de guérilleros dans ce pays, pour ce motif le bombardement a été effectué.
Alors, elles protègent les affaires des entreprises et offrent des services à l’armée.
Cela fait partie du travail. Dans le cas du champ pétrolier de Caño Limón, il s’agit d’une coopération bien organisée et partagée. L’entreprise de sécurité est payée par les entreprises et soutenue par l’armée colombienne et les États-Unis avec de la technologie. Il s’agit d’entreprises publiques et privées, armées, CMP et agents qui forment un réseau qui garantit la sortie du pétrole de la Colombie aux États-Unis.
Dans cet entrelacement, les CMP ont une relation directe avec les États et les armées?
Le modus operandi est le suivant : les États-Unis approuvent le Plan Colombie et une grande partie de l’argent n’arrive jamais en Colombie, il ne passe que par le Pentagone, qui a devant lui les entreprises militaires privées qui «travaillent» en Colombie. Il faut souligner que, tandis que dans les guerres classiques les soldats avaient intérêt à finir la guerre, ces entreprises n’ont aucun intérêt, parce qu’elles ne gagnent que s’il y a un conflit. Probablement, elles ne travaillent pas avec l’esprit de mettre un terme à ces conflits parce qu’elles perdraient leur travail.
Ont-elles des liens prouvés avec le narcotrafic en Colombie?
Il y a des cas d’employés de différentes entreprises impliqués dans le narcotrafic. C’est très difficile à vérifier, mais on peut supposer qu’il y a des contacts entre quelques entreprises et le narcotrafic.
Parmi les tâches des CMP en Colombie, il y a des actions contre les dirigeants sociaux?
Oui, la British Petrol a négocié une entreprise pour faire des travaux de «intelligence» sur les mouvements sociaux et indigènes de la région. Les paramilitaires ont assassiné les leaders sociaux et on sait que les CMP passaient des renseignements à l’armée. Les militaires disent qu’ils ne les ont pas tués et que ce sont les paramilitaires à les avoir tués, mais le rapport reste clair.
Comment agissent ces compagnies au Mexique?
Il y a quelques mercenaires israéliens qui ont soutenu la préparation de la formation de groupes paramilitaires au Chiapas. Mais ce n’est pas très clair. Au Mexique il est plus question de constitution du paramilitarisme. Le modèle paramilitaire au Mexique est différent du Colombien. En Colombie ont été organisées des troupes irrégulières qui se sont emparées de terres, maisons, et cetera. Au Mexique, on a créé des communautés paramilitaires. On les infiltre, on les prépare et l’on constitue des communautés paramilitaires.
Quel est le lien entre l’action de ces compagnies et la violence de genre au Guatemala?
Celui du Guatemala est un cas antérieur de constructions paramilitaires comme les autodéfenses civiles, payées pour soutenir l’armée dans son travail génocide. La violence de genre s’insère parce que depuis toujours elle fait partie intégrale de la guerre. On assassinait les hommes et l’on violentait les femmes et ils restaient avec elles. Cela rompt le tissu social de toute la communauté.
Ces structures paramilitaires, avec les CMP et les États, est-ce qu‘elles font du contrôle social et du paraétatisme?
Oui, il s’agit de paraétatisme parce qu’elles contrôlent le territoire ou elles représentent l’État. Salvatore Mancuso, ancien chef paramilitaire colombien – extradé le 15 mai dernier pour être jugé aux États-Unis –, a dit dans une interview à RCN qu’ils contrôlaient des congressistes et que, pour être élus, ils devaient s’accorder avec eux, si non ils n’auraient pas reçu de votes. La Colombie est clairement un narcoétat paramilitaire. Ils ne contrôlent pas de zones, mais ils sont dans l’État. Cela explique aussi les rapports avec les entreprises privées. Au nord de la Colombie, les entreprises bananières payaient un pourcentage sur chaque caisse de bananes aux paramilitaires pour la sécurité. Pour comprendre les liens étroits entre politique et paramilitaires, un autre chef paramilitaire, Diego Murillo, alias Don Berna – lui aussi extradé – , a dit qu’ils existaient sous les gouvernements et les États qui les ont menés à protéger la Justice «avec nos propres forces et nos propres moyens.S’ils parlent de prison pour ce que nous avons fait, eux tous doivent venir avec nous.»
Est-ce qu’il y a des employés des CMP otages des FARC?
Il y en a trois, mais c’est un cas compliqué. Un avion de tourisme, prêté par le Pentagone à une entreprise, survolait les zones des guérilleros pour passer à l’armée des renseignements sur les colonnes et les chefs guérilleros et il a été abattu. On supposait que les Étatsuniens dans les mains des FARC étaient de l’entreprise, mais après on a su qu’ils étaient de la CIA et que l’entreprise avait été utilisée comme bouclier.
Il y a quelques stratégies des États-Unis pour l’Amérique latine où les CMP participent à long et moyen terme?
Il y a deux éléments: le premier est une grande base des données d’anciens militaires préparés qui ont participé aux dictatures reconvertis aux nouvelles formes d’agir de l’armée des États-Unis pour travailler en Iraq. Il y a des milliers d’employés latino-américains qui travaillent pour les CMP : anciens militaires d’Argentine, Chili, Honduras, El Salvador et agents spéciaux de Brésil, Pérou. Neskowin avait son siège à Montevideo et recrutait d’anciens militaires argentins et uruguayens pour la Blackwater en Iraq. Le second est l’expansion massive du paramilitarisme dans quelques pays de l’Amérique latine. Au Venezuela, il commence à y avoir des contacts avec des groupes d’opposition, en Bolivie aussi avec les autonomistes de Sainte Cruz et en Équateur pour former comme une espèce de «contre stand-by» à moyen terme. Au Venezuela, cela se traduit dans une combinaison entre structures paramilitaires et personnel négocié capable d’organiser quelque chose de pareil aux contras du Nicaragua.